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Carnet de route Est-européen de Sabine
15 février 2007

Sans Titre

Un peu comme un tableau dont l'auteur lui même ne connaît pas trop la teneur, mais qu'il "faut" baptiser à tout prix, l'intitulé de ce papier résume sans doute au mieux l'état dans lequel je me trouve actuellement: Sans Titre. Moins classe du coup hein... Quelques petits inconvénients techniques, comme un téléphone portable bloqué, l'impossibilité de joindre ni les jobs que je démarche, ni les personnages clés que je dois rencontrer pour mon "Zukunft" professionnel... Bref la chienli.

Cependant, ces déconvenues ne m'empêchent pas de constater certaines choses plutôt amusantes dans la gestion même de Berlin. Ici, je me place en tant que française qui passe sa vie sur son vélo (et qui passe pour une daltonnienne aux yeux du personnel de la circulation).

Grün, Rot... mouai

Les voitures sont toutes bien alignées dans leurs files respectives et attendent patiemment la durée du feu rouge, soit, quelques très longues minutes. Avec mon vélo de compèt, la selle enfoncée au maximum, le dos quasi parallèle au bitume, je fonce dans la ligne si bien conçue pour les deux roues. Ah que c'est bon de pouvoir rouler sans se faire tailler un short par 0°C... Toujours dans le feu de l'action, les moufles cramponnées au guidon, un coup d'oeil à gauche, à droite, et encore à gauche (oui quand même... l'intersection ressemble à celles de Moscow, deux autoroutes angoissantes qui se croisent et sur lesquelles on s'imagine très bien étalé, mélangé aux pièces détachées du vélo). C'est bon, pas de voitures, je passe.

La conductrice voit son feu passer à l'orange (oui un étape de plus que chez nous, on prends son temps, même pour démarrer), mais quand il passe au vert, là, il fait mauvais être au milieu. Je suis au milieu. Fatal Error. TTTUUUUUTTT!!! Le va fa enculo allemand résonne encore. Mon écran intérieur me fait un blue screen. Je ne comprends rien... Cette femme m'a vue au milieu, mais a néanmoins foncé sur l'arrière de mon bolide. Normal, c'était vert pour elle. Après avoir constaté que, le short, je l'ai quand même eu et pour pas cher, ma petite voix intérieure enchaîne: "Vous avez grillé votre chance de vous intégrer, veuillez réessayer à la prochaine intersection".

Rennt Lola, rennt!

Comme je suis très attachée au fait de devenir presque berlinoise, au moins pour deux mois, je saisis la chance que ma voix intérieure m'offre. Mais cette fois c'est sous terre que je vais me désintégrer.

En bonne parisienne que je suis, encore dans l'escalier, j'aperçois mon métro déjà sur le quai, réflexe: je cours. Avec mes chaussures dont les semelles sont plus qu'usées je glisse à chaque pas en faisant du bruit, les bras en croix... ZURÜÜÜÜCK!!! (reculez!). Trop tard je viens de m'écraser sur les portes fraîchement fermées. Le regard fusillant de la dame en vert, une contrôleuse très gracieuse au teint rougeaud et qui vient au passage de perdre une de ses cordes vocales, suffit à me fait comprendre qu'ici on est pas chez les sauvages. Haussement hésitant des épaules, les yeux qui regardent par en bas, la mine sans doute déconfite, je n'ai rien à répondre sauf: "...tut mir leid" (désolée -d'être française-).

Chaque chose à sa place

Cette après midi, je me souviens que je dois chercher une solution pour voter par procuration. Je prends mon vélo, direction l'Ambassade de France. Une fois devant les baies vitrées, je fais un tour à 360°C, ça tombe bien, un poteau juste en face. J'ai à peine le temps de penser "où est la clé du cadenas..." que la dame en vert, une autre tout aussi délicate, me lance un simple: "Nein". Silence de mort. Devant une telle autorité, que dire... on n'insiste pas. Cela dit, je n'avais toujours pas repéré d'endroit où caser mon vélo. Je me campe devant la verte, et lui demande d'un ton le plus enjoué possible: "Très bien, mais où puis-je ne pas me faire voler mon vélo s'il vous plait?". Voyant que je suis prête à lui obéir, elle s'adoucie et en guettant ma réaction, pointe du doigt un parc à vélo à presque 1 km plus loin dans la même rue interminable. Tant pis, je suis en Allemagne, j'ai du temps.

Une leçon? Ici, être expatrié latin n'est pas une excuse. On rigole pas avec la sécurité.

A tantôt.

Polizei

Eins, Zwei, Drei... sur la Postdamer Platz.

PS: Kartoffeln

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Commentaires
M
Nous ,Français, devons être un peuple rêveur, insouciant et ignorant les contraintes de fonctionnement de la société ! car tous les Français que je connais ayant été de l'autre côté du Rhin, ont eu ce genre d'arrêt cardiaque, provoqué par les impromptus et incroyables rappels à l'ordre, de nos amis les Germains ! <br /> Si tu as du mal, passes les Alpes et va récuperer le temps d'un week-end, en Italie !
Carnet de route Est-européen de Sabine
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