Après un long silence (j'ai pas toujours des trucs à dire), je reviens à la charge. La haine en plus. Non un peu moins, mais pas loin... Voyez plutôt.
Une bulle, la mienne, mon casque Sony sur les oreilles, une
création de Wax Tailor dont le rythme me fait avancer toute seule… Cette route,
je la connais sur le bout des doigts, jusqu’au moindre cul de poule, elle n’a
plus de secret, c’est un grand axe, celui qui traverse tout Wedding pour
arriver dans le centre, et que j’emprunte obligatoirement, notamment pour aller
en stage.
Cette fois c’est dans le sens inverse pour rentrer chez
moi. Un carrefour, j’attends que l’Ampelmann vert s’allume et j’appuis sur ma
pédale pour reprendre de l’élan. Je sens presque mon mollet qui en redemande… La
vitesse s’installe, ça y est je pédale comme dans du beurre. Le vent tiède se
faufile dans ma tignasse lionnesque… la totale, un petit bonheur comme j’en vis
tous les jours grâce à ma bécane. La circulation est bien fluide, il y a
beaucoup de voitures mais ça avance. Ca se gâte quand je longe une ligne de
taxi en attente de clients… Effectivement, d’un coup digne d’un tour de David
Copperfield, sur ma droite un des
chauffeurs ouvre sa portière sans regarder dans son rétroviseur. BLANG !!!!
Je crois rentrer à la place du conducteur et suis ensuite projetée sur le bitume.
Un crissement de pneus me provoque une vague de violents frissons, la voiture
qui me suivait a eu un réflexe monstre. La passagère sort, sonde la situation.
Oui tout va bien, mon ordinateur est juste tombé. Complètement choquée - j’en
oublie de la remercier pour le réflexe de son conducteur-, encore étalée, le
vélo sur moi, je tends mon bras tremblant le plus loin possible pour attraper
ma sacoche. Première frayeur : est-ce que mon ordi marche encore ?
Deuxième frayeur : non. Je m’assis en tailleur et j’éclate en sanglot
comme une gamine à qui on aurait tué volontairement son lapin nain, ou alors un
fakir qui aurait perdu tout d’un coup son sang froid. Au moment où je lève la
tête, mes yeux me servent de mitraillette pour désintégrer le chauffeur de
taxi, tout confus de son énorme erreur d’inattention. « Oh Mensch, Mensch… !! » Oui Mensch, en
attendant t’as peut être pété un bijou. Y a tout là dedans, notamment mon
travail et (à mon échelle) ça vaut une fortune. Je m’acharne sur le bouton POWER
de la machine, mais toujours rien. La peur se transforme en colère et le
chauffeur en fait les frais. En allemand s’il vous plait. Instinctivement,
je n’ai encore aucune idée du pourquoi, je sors les gros mots les plus
appropriés que mon coloc m’apprends avec passion, et j’explique que non, j’ai
pas mal là où ça saigne, mais que je vais être très énervée si mon ordi continu
de ne pas me répondre à cause d’un petit chauffeur qui connaît mal son métier.
Bref j’en ai profité pour me faire ramener chez moi
gratis, le minimum syndical, et je suis passée me faire administrer des choses
qu’on donne aux enfants qui tombent de leur première chute de skate-board à
cause du virage mal anticipé cumulé au caillou. Ca pu l’arnica, mais ça soigne.
La prochaine fois que je serai amenée à longer une de ces
lignes de bagnoles jaunasses, je me préconise
le trottoir illégal, quitte, tant pis, à rencontrer un gardien vert bouteille
de la sécurité dont l’humeur et la délicatesse resteront à désirer. Ou alors… j’hèlerai
un taxi.
A tantôt.